Lhymne breton officiel, le "Bro Gozh ma zadoĂč" (vieux pays de mes pĂšres), đŸŽ¶ chantĂ© en direct par Aziliz Manrow et Gilles Servat, sur la scĂšne de prĂ©sentati

Les Bretons sont peut-ĂȘtre diffĂ©rents, ils n’en demeurent pas moins nos amis. Enfin nos amis, nos voisins, quoi, des gens qui peuvent Ă©ventuellement ĂȘtre utiles quand on n’a plus de sel et qu’on en a besoin ou alors pour nous prĂȘter opportunĂ©ment une perceuse. Du coup, il serait de bon ton de les connaĂźtre. 1. Le drapeau Le drapeau moderne de la Bretagne date de 1923 et s’appelle le Gwenn ha Du. Les neuf bandes reprĂ©sentent les neuf provinces de Bretagne et les mouchetures d’hermine la Bretagne et les Bretons dans leur ensemble. C’est Morvan Marchal qui a dessinĂ© le premier Gwenn ha Du dans les annĂ©es 1920. CrĂ©dits photo CC BY-SA This image has been made by GwenofGwened and released under the licenses stated below. You are free to use it for any purpose as long as you credit me as author, Wikimedia Commons as site and follow the terms of the licenses. Could you be kind enough to leave me a message on this page to inform me about your use of this picture. 2. L'hermine La banniĂšre d’hermine Ă©tait l’étendard des ducs de Bretagne au XIV° siĂšcle et l’hermine, les mouchetures et tout le toutim sont devenus des symboles de la Bretagne depuis lors. C’est au duc Pierre le Mauclerc que l’on doit l’importation de ces symboles dans la reprĂ©sentation bretonne. CrĂ©dits photo Topito 3. Le triskĂšle Cette reprĂ©sentation de trois jambes en spirale existe depuis le nĂ©olithique. Il s’agissait d’un classique de l’art celte repris par les milieux druidiques au XIX° siĂšcle et ensuite rendus populaires par des artistes bretons reprenant l’iconographie dans les annĂ©es 70. A noter que le triskĂšle a aussi Ă©tĂ© utilisĂ© par les nazis et par certaines cultures asiatiques. 4. Le dolmen Les dolmens que l’on retrouve en Bretagne datent de la pĂ©riode situĂ©e entre les V° et III° millĂ©naires avant notre Ăšre. AssimilĂ©s Ă  des chambres funĂ©raires, ils sont devenus symboliques de la Bretagne qui en accueille un nombre non nĂ©gligeable. 5. Le menhir ErigĂ©s au nĂ©olithique, les menhirs portent ce nom grĂące aux Bretons qui, dans leur langue, les dĂ©signaient comme une pierre longue ». DĂšs le XVII° siĂšcle, l’appellation a Ă©tĂ© reprise par les chercheurs ; AstĂ©rix a fait beaucoup pour associer le menhir Ă  la Bretagne car ObĂ©lix ne manquait pas une occas’ de s’en emparer. 6. La coiffe bigoudĂšne Si la coiffe a une lointaine origine en pays bigouden, sa hauteur exceptionnelle date de l’entre-deux guerres, pĂ©riode au cours de laquelle elle prend fastoche un centimĂštre par an. Il s’agit d’une tenue traditionnelle pour cĂ©rĂ©monies et deuils. 7. Nolwenn Leroy Nolwenn Leroy est Ă  la Bretagne ce que Zaz est Ă  la chanson française une ambassadrice qui marche un peu partout ailleurs sans que l’on assume vraiment. 8. Le Mont Saint-Michel Une lĂ©gende raconte que le Mont-Saint-Michel serait breton. Comme toutes les lĂ©gendes, celle-ci est fausse, le Mont Saint-Michel se trouvant Ă©videmment en Normandie. 9. L'ajonc Cette plante est devenue un symbole breton en 2016 aprĂšs un vote organisĂ© par l’Institut culturel de Bretagne. Elle a vocation a reprĂ©senter la rĂ©gion au mĂȘme titre que le trĂšfle reprĂ©sente l’Irlande. 10. L'hymne Bro gozh ma zadoĂč est l’hymne non officiel de la Bretagne. Il se traduit par Vieux pays de mes pĂšres » et suit l’air de l’hymne gallois. Une chanson vaut mille mots. Bretagne.
Eneffet, la musique bretonne est trĂšs ancienne, elles puisent ses origines depuis les temps qu’existe un peuple breton. L’histoire et le dĂ©veloppement Ă©conomique et social de la pĂ©ninsule est Ă©troitement liĂ©e Ă  l’évolution des pratiques
DĂ©cembre 2011 – Presentation du livre – L’Europe aux cent drapeaux – de Yann FouĂ©rĂ©, rééditĂ© . — L’Europe aux cent Drapeaux» – l’essai de Yann FouĂ©rĂ© pour servir Ă  la construction de l’Europe vient d’ĂȘtre rééditĂ© par La Fondation Yann FouĂ©ré». Cet ouvrage est le livre phare de Yann FouĂ©rĂ© oĂč il dĂ©veloppe sa grande idĂ©e le FĂ©dĂ©ralisme EuropĂ©en», l’autonomie des Nations sans État dans le cadre d’une Europe des Ethnies. En vente auprĂšs de la fondation au 09 63 25 93 58 Source ————————————————————————————————————- ConsultĂ© aussi la rubrique NĂ©crologies , et NEWS de notre site ENGLISH pour d’autres NĂ©crologies. 27 Octobre 2011 Article de Christian Martin, paru dans le numĂ©ro 3427 du Journal Le petit Bleu des CĂŽtes d’Armor ». Photo de Christian Martin, prise au 100 ans de Yann FouĂ©rĂ© avec sa fille Olwen, en Juillet de l’annĂ©e derniĂšre. ———————————————————————————————————— La famille FouĂ©rĂ© communique sur la mise en ligne non autorisĂ©e de L’Europe aux Cent Drapeaux ————————————————————————————————————— Sur Agence Bretagne Press- Yann FouĂ©rĂ© part accompagnĂ© d’un dernier Bro gozh DĂ©pĂȘche du 26/10/2011 – 238 de notre correspondant P. Argouarch GUINGAMP/GWENGAMP — Environ 400 personnes ont assistĂ© Ă  l’enterrement du leader breton Yann FouĂ©rĂ© Ă  Notre-Dame-de-Bon Secours Ă  Guingamp parmi une nuĂ©e de gwenn ha du et mĂȘme de banniĂšres tenues par des reprĂ©sentants de cette Europe aux cent drapeaux pour laquelle Yann FouĂ©rĂ© s’est battu toute sa vie. On ne pouvait plus distinguer la vierge noire, cette fameuse vierge qui trĂŽne au coeur de cette basilique bretonne, tant il y avait de drapeaux bretons et europĂ©ens ; comme si chacun avait voulu brandir le sien en tĂ©moignage de son soutien au disparu. EntrĂ© au son du biniou, le cerceuil du dĂ©funt est ressorti accompagnĂ© d’un ultime Bro gozh va ZadoĂč. Les enfants et les petits-enfants de Yann, dont certains venaient d’Irlande, Ă©taient tous lĂ  – ainsi que la vieille garde bretonne composĂ©e d’anciens du Front de LibĂ©ration de la Bretagne FLB ou d’anciens rĂ©sistants et patriotes bretons comme Pierre Le Moine, un des amis du dĂ©funt, et mĂȘme d’un ou deux survivants de l’époque d’avant guerre. Image rare, mais forte de symboles, des nationalistes de droite comme de gauche Ă©taient prĂ©sents pour ce dernier hommage. Le dernier message de Yann FouĂ©rĂ© est un poĂšme qu’une de ses filles a lu durant la cĂ©rĂ©monie En guise d’adieu C’est mon corps seulement que vous mettez en terre » Car je vous laisserai l’écho de mes combats; Que l’exil, la prison, la crainte ni la guerre Qui ne m’ont arrĂȘtĂ©, ne vous arrĂȘtent pas ! Yann FouĂ©rĂ© ————————————————————————————————————————– CommuniquĂ© de Presse du journal L’Avenir de la Bretagne’– Le 20 octobre dernier, la Bretagne a perdu un de ses plus grands dĂ©fenseurs. Yann FouĂ©rĂ© s’est Ă©teint Ă  l’ñge de 101 ans auprĂšs des siens dans son appartement de St Brieuc. Promoteur et apĂŽtre d’une Bretagne fĂ©dĂ©rale dans une Europe fĂ©dĂ©rale, militant infatigable des LibertĂ©s bretonnes, Ă©crivain et journaliste Ă©clairĂ© mais Breton avant tout, Yann FouĂ©rĂ© a Ă©tĂ© un prĂ©curseur. C’est lui qui a créé, en 1934, la premiĂšre association rĂ©clamant l’enseignement du breton dans les Ă©coles ar brezhoneg er skol. Il a aussi fondĂ© le premier quotidien de sensibilitĂ© bretonne La Bretagne » Ă  une Ă©poque pourtant troublĂ©e. A son retour d’exil au Pays de Galles puis en Irlande, il fut lĂ  encore, le premier Ă  oser rĂ©clamer, dĂšs 1957, un statut particulier pour la Bretagne. Il a Ă©tĂ© Ă  l’origine du renouveau du mouvement politique breton en lançant, entre autres, le Mouvement pour l’Organisation de la Bretagne » le parti Strollad ar Vro » et en 1982 le Parti pour l’Organisation d’une Bretagne Libre. La somme de ses entreprises au service de la Bretagne est considĂ©rable ainsi, c’est aussi lui qui est Ă  l’origine du ComitĂ© Consultatif de Bretagne, du Parti FĂ©dĂ©raliste des Etats sans Nations, de l’Alliance Libre EuropĂ©enne, de la Ligue Celtique et auteur de nombreux ouvrages de rĂ©fĂ©rence L’Europe aux cent drapeaux » . FĂ©dĂ©raliste plutĂŽt qu’autonomiste, rĂ©gionaliste plutĂŽt que sĂ©paratiste, la Bretagne d’aujourd’hui lui doit beaucoup. Ses amis du et du journal L’Avenir de la Bretagne » qu’il avait fondĂ© en 1958 saluent la mĂ©moire d’un visionnaire pacifiste, qui a toujours refusĂ© la voie de la violence et lui rendront hommage lors de ses obsĂšques qui se tiendront le mardi 25 en la basilique Notre Dame de Bon Secours Ă  Guingamp Ă  14 h 30. Kenavo, Yann, veaji mat d’an Tir na Nog ————————————————————————————————————————— HomĂ©lie de L’AbbĂ© Yann Talbot- Homelienne evit Yann FouĂ©rĂ© Il y a une quinzaine d’annĂ©es, lors d’une cĂ©lĂ©bration du lundi de PĂąques autour de la tombe de l’abbĂ© Yann Vari Perrot, prĂšs de la chapelle de Koatkev en Scrignac, Yann FouĂ©rĂ© m’avait demandĂ© de cĂ©lĂ©brer ses obsĂšques Ă  Guingamp quand le moment serait venu. A cette Ă©poque, il Ă©tait encore trĂšs actif et guilleret, il n’avait encore que 85 ans ! Presque un jeune homme. Je le lui avais promis. C’est que je connaissais Yann FouĂ©rĂ© depuis bien longtemps, depuis que, jeune Ă©tudiant Ă  Rennes au dĂ©but des annĂ©es 60 au siĂšcle dernier
 je participais aux activitĂ©s du Mouvement Politique Breton, le MOB, qu’il venait de fonder. Puis, je le visitai plusieurs fois fin des annĂ©es 60 et dĂ©but 70, en Irlande dans le Connemara, dans son entreprise de mareyage. Ensuite en Bretagne, nous nous rencontrĂąmes assez souvent lors de cĂ©lĂ©brations, de rĂ©unions, ou de manifestations. Je le revis il y a 3 ans pour ses derniĂšres volontĂ©s et un Ă©change de vues sur la Bretagne, son avenir, et sur le sens de la vie et de la mort. Je ne dĂ©taillerai pas ici son rĂŽle dans l’histoire de la Bretagne du XXĂšme siĂšcle, son engagement pour les droits du peuple breton, ses combats, son oeuvre d’écrivain et de journaliste ; d’autres le feront ici ou ailleurs. Je parlerai de l’homme politique chrĂ©tien, et comment il peut se situer dans ce monde. Car Yann FouĂ©rĂ© Ă©tait un chrĂ©tien convaincu. Pour beaucoup d’entre nous, la vie est dure ! Pour beaucoup de gens que nous rencontrons, la vie est difficile ! Les problĂšmes de travail et de chĂŽmage, les difficultĂ©s des enfants Ă  l’école, la drogue qui frappe toutes les classes de la sociĂ©tĂ©, comme aussi l’alcool qui est encore dix fois plus meurtrier que la drogue, les accidents de la route, le cancer, le sida
 Et chez nous les droits de la Bretagne et du peuple breton qui sont niĂ©s, son identitĂ© menacĂ©e, sa langue menacĂ©e de mort programmĂ©e. Tout cela n’est qu’un ensemble de mots quand nous en parlons, mais en rĂ©alitĂ©, ce sont des ensembles de personnes qui sont concernĂ©es par ces flĂ©aux. Ce sont des hommes, des femmes, des enfants qui souffrent de ces choses-lĂ  et qui voient leur vie cassĂ©e ou dĂ©sorganisĂ©e par toutes ces choses redoutables. Nous vivons au milieu de tout cela tous les jours et nous finissons peut-ĂȘtre par nous y habituer. Pourtant, il y a autour de nous des hommes et des femmes qui n’arrivent pas Ă  s’habituer Ă  ces catastrophes et Ă  ces injustices et qui voudraient y apporter un remĂšde. Chacun Ă  sa maniĂšre, en fonction de ces aptitudes, en fonction de ses expĂ©riences passĂ©es, chacun emploie les moyens qu’il peut, les moyens qui lui semblent le mieux adaptĂ©s. Pour les uns, ce sera l’action syndicale, pour d’autres ce sera l’engagement dans des associations familiales ou de quartier, pour d’autres, le mouvement culturel, pour d’autres enfin, ce sera l’action politique. C’est cette voie qu’avait essentiellement choisie notre frĂšre dĂ©funt Yann FouĂ©rĂ©. Il a participĂ© Ă  l’action et au combat politique partout oĂč cela lui Ă©tait possible. DĂšs les annĂ©es 1930, il participait Ă  la dĂ©fense du breton dans l’association Ar brezhoneg er skol », prĂ©curseur en Bretagne pendant et aprĂšs le deuxiĂšme conflit mondial, travaillant Ă  la construction d’une Bretagne fiĂšre d’elle-mĂȘme, en collaboration avec les autres pays celtiques, surtout le Pays de Galles et l’Irlande, agissant pour la crĂ©ation d’une Europe dĂ©mocratique des peuples, n’épargnant pas ses efforts pour la libĂ©ration du peuple breton. Comme beaucoup d’hommes et de femmes de sa gĂ©nĂ©ration, il avait Ă©tĂ© choquĂ©, meurtri, par les carences de la sociĂ©tĂ©. Il avait souffert de voir tant de gens en Bretagne et ailleurs malheureux, sans avenir, tant de capacitĂ©s productives mal employĂ©es, tant de bonnes volontĂ©s déçues. Il s’est engagĂ© rĂ©solument dans le changement de ce monde-lĂ . Il ne pouvait plus supporter un monde oĂč tant de gens sont condamnĂ©s Ă  souffrir toute leur vie. Il avait eu envie de le reconstruire. Refaire le monde ! Relever la Bretagne ! Il nous semble que c’est une ambition impossible, un travail dĂ©mesurĂ©. La Bible nous dit que Dieu lui-mĂȘme a partagĂ© ce rĂȘve. Ce Dieu qui avait créé le ciel et la terre, ce Dieu qui avait rĂȘvĂ© d’un monde harmonieux oĂč tous puissent s’aimer, voilĂ  qu’il connaĂźt la dĂ©sillusion. Les hommes qu’il avait créés dans la joie et l’amour sont maintenant en proie aux dĂ©chirements de la haine et de la jalousie. Dieu ne peut pas se cacher qu’il a Ă©chouĂ© dans son entreprise. Il dĂ©cide alors de tout effacer et de repartir Ă  zĂ©ro. La famille de NoĂ© exceptĂ©e, il va effacer toute vie de la surface de la terre. AprĂšs avoir pratiquement exterminĂ© tout le monde vivant, il veut recommencer l’histoire Ă  partir de NoĂ©. C’est la premiĂšre alliance dont le signe est toujours inscrit dans le ciel, cet arc-en-ciel qui est devenu le symbole de la volontĂ© de Dieu de sauver tous les hommes, et qui est l’emblĂšme du parti des nations sans Etat au Parlement EuropĂ©en de Bruxelles. Pourtant cette nouvelle tentative, venant aprĂšs celle du paradis terrestre, va, elle aussi, Ă©chouer. Quelque temps aprĂšs, Dieu veut tenter de repartir Ă  nouveau. Son peuple l’ayant oubliĂ© est rĂ©duit Ă  l’esclavage en Egypte. J’ai entendu, dit Dieu, la plainte de mon peuple et je t’envoie, toi MoĂŻse, pour le dĂ©livrer. » C’est une nouvelle fois reparti. Mais une nouvelle fois, les choses se gĂątent et le peuple regrette sa terre d’esclavage oĂč il n’avait qu’à se laisser conduire. Il trouve la libertĂ© exigeante et trop lourd Ă  porter le statut d’homme debout, d’homme libre et responsable. Alors, une fois encore, Dieu veut tout recommencer Ă  zĂ©ro. Il veut anĂ©antir son peuple et entreprendre une nouvelle aventure avec les descendants de ce seul MoĂŻse restĂ© fidĂšle. C’est MoĂŻse qui s’y oppose pour sauver la vie des ses concitoyens. Il y a bien un redĂ©part, une nouvelle nĂ©gociation entre Dieu et les hommes mais c’est toujours avec le mĂȘme peuple. Plus tard encore, la mĂȘme situation se reproduit Dieu excĂ©dĂ© par les infidĂ©litĂ©s de son peuple l’envoie en exil. Un prophĂšte, dont les oracles sont conservĂ©s dans le livre d’IsaĂŻe, annonce alors le dĂ©sir de Dieu de nĂ©gocier avec son peuple une nouvelle alliance Voici, dit Dieu, que je vais ĂŽter leur cƓur de pierre pour le remplacer par un vrai cƓur, capable d’aimer. Ce jour-lĂ  je conclurai avec eux une alliance nouvelle qui ne sera pas comme la premiĂšre. » Mais ce nouveau pacte ne rĂ©siste pas Ă  l’usure du temps. Enfin, Dieu, un peu dĂ©couragĂ©, se dĂ©cide Ă  envoyer son fils. JĂ©sus offrira sa vie pour une alliance nouvelle et Ă©ternelle » avec les hommes. Lorsque nous voyons notre Dieu, contre vents et marĂ©es, essayer de refaire le monde, nous comprenons la noblesse de la tĂąche de ceux qui, par goĂ»t ou par dĂ©sir d’amĂ©liorer le monde, se sont consacrĂ©es Ă  la tĂąche politique. Ils essayent eux aussi de faire triompher un ordre plus juste et plus fraternel dans le monde et dans leur pays. Et c’est cette tĂąche-lĂ  que Yann FouĂ©rĂ© a voulu mener Ă  bien dans sa Bretagne, comme dans les autres pays celtiques, et dans l’Europe aux Cent drapeaux qu’il appelait de ses vƓux. Pour ce service de la Bretagne, du peuple breton, ce service des pays celtiques et de l’Europe que Yann FouĂ©rĂ© a accompli, nous adressons Ă  Dieu notre merci reconnaissant. Mais en mĂȘme temps, nous accueillons les invitations de l’Evangile Ă  poursuivre, chacun Ă  notre place, cette tĂąche de refaire perpĂ©tuellement le monde et de reconstruire la Bretagne, parce que perpĂ©tuellement le mal et le mensonge, l’égoĂŻsme et la paresse continuent Ă  les dĂ©grader et Ă  les abĂźmer. Que Dieu nous accorde le courage de poursuivre cette construction d’un monde fraternel, d’un monde de justice, de pax et d’amour, et d’une Bretagne livre de son destin et de son avenir. Kenavo Yann dans la joie du Paradis. Kenavo Yann e levenez ar Baradoz. Amen. ———————————————————————————————————————————– Message d’Adieu Ă  Yann FouĂ©rĂ© par Erwan, un de ses fils. Au nom de toute la famille, je vous souhaite Deutmat, Bienvenus, CĂ©ad Mile FĂĄilte a cette cĂ©rĂ©monie d’adieu. Nous vous remercions beaucoup d’ĂȘtre venus si nombreux rendre un dernier hommage a notre pĂšre, Yann FouĂ©rĂ©. Notre mĂšre Marie-Magdeleine, sa femme et fidĂšle compagne de Papa durant toute sa vie, qui pour des raisons de santĂ© dues a son grand Ăąge, n’a pas pu ĂȘtre parmi nous, se joint avec nous en esprit, ainsi que tous les autres membres de la famille et les nombreux amis et admirateurs de la vie et du travail infatigable de Papa. Durant tous les Ă©vĂšnements qui ont marquĂ© la vie de Papa, que ce soit ses activitĂ©s estudiantines, son premier travail au MinistĂšre, son exile, son activitĂ© politique et culturel, ses convictions profondĂ©ment encrĂ©es dans la Bretagne et le FĂ©dĂ©ralisme EuropĂ©en, et ses nombreux livres – sans compter les centaines d’articles qu’il a Ă©crit tout au long de sa vie, son » BĂąton de PĂšlerin » ne l’a jamais quitte. C’est ce mĂȘme » BĂąton de PĂšlerin » qui a Ă©tĂ© repris par chacun de ses enfants dans leurs activitĂ©s respectives que ce soit les affaires, les oeuvres sociales, les sports, le théùtre et dans mon cas, la diplomatie Rozenn, Jean, Erwan, Benig et Olwen, ainsi que leurs conjoints respectives; ses petits-enfants Yola, Annig,Kareen, Tristan, qui est venu de l’autre cote de l’atlantique pour ĂȘtre avec nous, OisĂ­n, Benjamin, Annik et Jamie; ses arriĂšres petits-enfants Brittany, Asher, Mara, et Tianna. C’est ce mĂȘme » BĂąton de PĂšlerin » qui restera toujours notre boussole dans la vie. MĂȘme dans les moments les plus difficiles, bafouĂ© par les vents de tous bords, Papa favorisait toujours le dialogue et l’espoir, restant fidĂšle a sa devise » ici ou ailleurs ; face a l’obscuritĂ©, il disait toujours » Il est souvent prĂ©fĂ©rable d’allumer une toute petite bougie que de supporter trop longtemps le maintient de l’obscuritĂ© . Son oeuvre et son exemple continueront a briller comme la lueur d’un phare au delĂ  des brumes maritimes de la Bretagne ou de l’Irlande; ils continueront a inspirer les gĂ©nĂ©rations futures et tous ceux qui en Europe et ailleurs oeuvrent pour un monde meilleur au delĂ  des prĂ©jugĂ©s, un monde ou l’esprit de gĂ©nĂ©rositĂ©, de tolĂ©rance et de respect des droits fondamentaux prĂ©valent. Kenavo Yann, Kenavo Papa, merci pour tout ce que tu as accompli et tout ce que tu a fait pour nous, pour la Bretagne et pour l’Europe. CliquĂ© sur le lien ci dessous pour les videos de la cĂ©rĂ©monie . ——————————————————————————————————————— Sur les liens ci dessous – ABP rend hommage Ă  Yann FouĂ©rĂ©. Yann FouĂ©rĂ© La terre de Bretagne est 
 – Agence Bretagne Presse 21 oct. 2011 – Attentive Ă  la forte Ă©motion de nombreuses personnes qui souhaitaient lui rendre hommage, l’Agence Bretagne Presse ouvre ce registre de 
 —————————————————————————————————————— 20 Octobre 2011 Avis du DĂ©cĂ©s de Yann FouĂ©rĂ©. —————————————————————————————————————– 16 Septembre 2011 Photo, prise par Annig Barrett, de la presentation par Lord Dafydd Wigley du livre, La Maison’ in Connemara’, avec au fond une grande photo de Yann FouĂ©rĂ© et, devant la photo deux de ses enfants, Rozenn et Erwan. Pour la Revue de Presse, Articles et Texte de l’hommage d’Havard Gregory, en Anglais et en Gallois, consultĂ© le site Anglais, sous la rubrique NEWS. CliquĂ© sur la photo pour l’agrandir . PrĂ©sentation de ce livre Ă  la BibliothĂšque Nationale du Pays de Galles Ă  Aberystwyth, le vendredi 16 Septembre 2011, Ă  par Lord Dafydd Wigley. ————————————————————————————————– Pour la Revue de Presse et les articles sur cette presentation, consultĂ© le site Anglais, sous la rubrique NEWS. PRESENTATION DE CE LIVRE, À CLIFDEN, IRLANDE, AU STATION HOUSE THEATRE, VENDREDI 3 JUIN Ă  par Maurice O’Scanaill MRCVS. Avril 2011 Traduction en Anglais du livre de Yann FouĂ©rĂ©, par Rozenn FouĂ©rĂ© Barrett, sous le titre – La Maison’ in Connemara – 352 pages, publication de Oldchapel Press, Oughterard, Irlande. – pour commander le livre, contactĂ© ————————————————————————————————————————————————– Avril 2011 Article dans la revue Armor’, sur l’Institut de Documentation Bretonne et EuropĂ©enne/Fondation Yann FouĂ©rĂ©. Aussi un article sur l’association Baie de Saint-Brieuc – QuĂ©bec’, crĂ©e par GĂ©rard Gautier , et NĂ©crologie de Georges Le Meur.
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LeBro Goz, l'hymne national breton, a été composé en 1897 par Taldir Jaffrenou (1879-1956), d'aprÚs l'hymne national gallois Hen Wlad Fy Nhadau (Vieille Terre de mes PÚres). Les partituras disponibles en este sitio se pueden descargar gratuitamente pero las partituras que no son tradicionales pueden tener un copyright.
1Parler de web territorial a-t-il un sens, alors que les informations qui circulent sur les rĂ©seaux ignorent les frontiĂšres ? L’adĂ©quation supposĂ©e entre un territoire, un État et une nation, une institution et une culture est peut-ĂȘtre abusive mais elle ne tient plus lorsqu’on veut traiter du web et identifier la sphĂšre d’influence d’une de ces entitĂ©s. Nous procĂ©derons Ă  trois dĂ©centrements successifs, institutionnel, mĂ©diologique et monadologique pour discuter cette adĂ©quation qui est en fait constamment travaillĂ©e, reprise et rĂ©inventĂ©e Anderson, 2002, Thiesse, 1999 selon les supports mĂ©diatiques mobilisĂ©s. Sommes-nous capables de suspendre un instant les certitudes ou les Ă©vidences sur ces entitĂ©s, institution ou culture, pour analyser ce qui les fait tenir, en observant ce qui les compose sur le web ? 2Entre 2006 et 2009, nous avons observĂ©, dĂ©crit et analysĂ© un web dit territorial » Ă  une Ă©chelle rĂ©gionale, autrement dit une partie du web en lien avec un territoire, et oĂč ces adĂ©quations restent prĂ©cisĂ©ment Ă  questionner. Nous avons traitĂ© manuellement 591 sites web qui ont d’une façon ou d’une autre un lien avec ce territoire, la Bretagne. La mĂ©thode que nous avons mise en place pour constituer ce corpus de web territorial » se compose de 6 Ă©tapes. L’analyse sĂ©miotique de 15 sites web est l’une de ces Ă©tapes et a permis de dĂ©montrer la prĂ©sence d’un lien entre ce territoire et le web Ă  partir de 5 mĂ©diations dont la carte Le BĂ©chec, 2012. 3GrĂące Ă  cette approche, nous pouvons prĂ©ciser la façon dont se compose une Ă©chelle territoriale rĂ©gionale sur le web, en Ă©tant attentif Ă  toutes les mĂ©diations qui la font tenir. Par mĂ©diations, nous entendons tout autant des supports mĂ©diatiques, et nous serons alors proches d’une mĂ©diologie, que des entitĂ©s Ă©lĂ©mentaires nous restons dĂ©libĂ©rĂ©ment vague sur leur statut pour l’instant qui peuplent cette Ă©chelle, et nous serons alors proches d’une monadologie. 4PrĂ©cĂ©demment, Rokkan et Lipset 2008 ont montrĂ© qu’une nation ne peut se dĂ©finir par autorĂ©fĂ©rence mais doit assembler des attributs que ces auteurs ont dĂ©finis en autant de clivages » qu’ils jugent pertinents. Leur dĂ©marche sera reprise ici pour rendre compte des Ă©lĂ©ments les plus fins qui, par leur circulation, entendue ici comme leur rĂ©pĂ©tition sur un corpus de sites web, peuvent constituer une Ă©chelle moins Ă©vidente que celle qu’ils ont Ă©tudiĂ©e. Le web constitue une mise Ă  l’épreuve radicale des Ă©chelles existantes et introduit une incertitude importante tant pour les sciences sociales que pour les dĂ©cideurs. Selon notre analyse, le web, ce rĂ©seau de communication mondial, ne produit pas une Ă©chelle globale » et il ne reproduit pas non plus le territoire politiquement dĂ©fini autour d’un État. Nous souhaitons montrer que le web territorial est supportĂ© par des liens créés par des attributs bien prĂ©cis qui ont des capacitĂ©s de circulation particuliĂšres et qui font tenir des collectifs Ă  gĂ©omĂ©trie variable. L’émergence du web, et plus particuliĂšrement du web dit » permet aux internautes de contribuer, d’écrire et de publier User-Generated Content sans impĂ©ratifs professionnels ou politiques sur le read and write web. Ces pratiques bouleversent les mĂ©diations comme supports et comme Ă©lĂ©ments culturels partagĂ©s. Nous prendrons appui sur des recherches concernant le rĂŽle de la presse dans la naissance, la dĂ©finition et la maintenance d’une Ă©chelle territoriale, dĂ©jĂ  ancienne, la nation Anderson, 2002 ; Tarde, 1897 ; Lippman, 2008. Dans le cas du web, nous Ă©tudions plus prĂ©cisĂ©ment le rĂŽle des signes visuels prĂ©sents sur les sites web, soit 227 signes, analysĂ©s de façon systĂ©matique, quantitativement et sĂ©miotiquement, selon une Ă©chelle en 5 degrĂ©s de l’attachement territorial de ces signes Le BĂ©chec, 2010. Trois dĂ©centrements nĂ©cessaires institutionnel, mĂ©diologique et monadologique Un dĂ©centrement institutionnel 5Rokkan et Lipset ont dĂ©fini des attributs religion, langue, ethnicitĂ© qui constituent des clivages producteurs de diffĂ©rences entre les nations. Ces attributs s’imposent aux nations qui ne peuvent se maintenir qu’à la condition de les rĂ©duire et de bloquer leurs capacitĂ©s Ă©volutives pour crĂ©er une stase nationale, permettant aux institutions de perdurer. Seuls les clivages peuvent expliquer et structurer des particularitĂ©s propres Ă  une nation. Selon nous, ils doivent plutĂŽt initier une dĂ©marche plus Ă©tendue pour dĂ©composer la supposĂ©e Ă©vidence de la nation, de l’État-nation et souligner toutes les mĂ©diations qui les composent au-delĂ  des clivages dits explicatifs ». Ces Ă©chelles rĂ©gion, nation, Europe ne sont, comme les autres, que des assemblages idiosyncrasiques d’attributs, dont les clivages dĂ©finis par Rokkan et Lipset constituent les plus visibles. C’est pourquoi leur mĂ©thode, une fois prolongĂ©e, permet de repeupler toutes les Ă©chelles territoriales d’attributs oubliĂ©s, non clivants a priori mais qui jouent pourtant, selon nous, un rĂŽle de mĂ©diation essentiel pour faire tenir les institutions. Nous retenons la vertu pluraliste de la mĂ©thode des clivages tout en passant d’un pluralisme des causalitĂ©s Ă  un pluralisme des attributs. C’est en cela que nous effectuons un dĂ©centrement institutionnel, en ne restant pas fixĂ© sur ces institutions ni sur les clivages qui les ont constituĂ©es. Outre les mĂ©diations institutionnelles classiques que sont l’adhĂ©sion Ă  un parti dans un systĂšme de partis et le vote, nous devons ĂȘtre capable de prendre en compte des attributs qui composent ces partis et ces votes, afin d’éviter tout agrĂ©gat trop rapide, toute Ă©vidence supposĂ©e de ces entitĂ©s elles-mĂȘmes. Des travaux de sociologie politique historique ont d’ailleurs dĂ©crit ces mĂ©diations et s’apparentent Ă  la mĂ©diologie qui nous inspire ici. Une mĂ©diologie de la nation 6Anderson a ainsi montrĂ© que la nation et la construction des États-nations supposent ce qu’il nomme une communautĂ© imaginĂ©e ». Elle est imaginĂ©e parce que mĂȘme les membres de la plus petite des nations ne connaĂźtront jamais la plupart de leurs concitoyens [...] bien que dans l’esprit de chacun vive l’image de leur communion » Anderson, 2002, 19. 7Anderson produit une mĂ©diologie des Ă©chelles lorsqu’il prend pour exemple le rĂŽle de l’imprimĂ© comme systĂšme de communication translocal. Selon l’auteur, le capitalisme a produit un autre mode de reprĂ©sentation du territoire la carte imprimĂ©e. [...] Elle permit de reprĂ©senter les nouvelles terres-nourrices sur la minuscule surface plane des timbres, des cartes postales, des manuels scolaires ou des affiches politiques » Anderson, 2002, 10. 8Cet exemple montre la vertu heuristique de l’adoption d’un grain d’analyse plus fin sur le plan empirique. Outre la constitution historique et souvent guerriĂšre du territoire, il faut que l’existence des nouvelles frontiĂšres de la Nation soit mise en scĂšne, reproduite, diffusĂ©e sous des formats cognitifs aisĂ©ment Ă©changeables. Une Nation portative » pour paraphraser Debray 1991 lorsqu’il dĂ©crit la qualitĂ© essentielle de la Bible comme Dieu portatif ». Un dĂ©centrement monadologique 9Chaque support, dont les cartes sur les murs des Ă©coles par exemple, contribue ainsi Ă  faire tenir un peu plus une Ă©chelle territoriale comme Ă©vidente dans l’esprit de la communautĂ©. Il est alors possible de suivre la circulation de ces supports, voire mĂȘme de la mesurer, et d’en estimer le pouvoir de captation des esprits Ă  travers l’extension de leur adoption dans le temps et dans l’espace. DĂšs lors, pour reprendre les clivages, tels que les partis, il serait nĂ©cessaire de les dĂ©composer en entitĂ©s Ă©lĂ©mentaires pour vĂ©rifier comment se sont effectuĂ©es leur agrĂ©gation et leur propagation, pour rendre compte de leur traduction incessante favorisant leur circulation et la façon dont les institutions ont su ou non bloquer leur transformation et leur prolifĂ©ration Ă  leur profit pour se constituer. Nos travaux d’analyse d’un web territorial mobilisent les mĂȘmes principes et initient une nouvelle approche car le numĂ©rique en rĂ©seau permet de suivre Ă  la trace chaque entitĂ© circulante. 10Les travaux de Thiesse centrĂ©s sur les entitĂ©s constitutives d’une nation nous ont ainsi inspirĂ©s. Chez elle, la nation est entendue beaucoup plus comme communautĂ© ou systĂšme de rĂ©fĂ©rences partagĂ©es, que comme institution, ce qui opĂšre un troisiĂšme dĂ©centrement pour analyser les Ă©chelles. Au XVIIIe siĂšcle, les modes d’élaboration des identitĂ©s nationales furent trĂšs divers. L’auteur dĂ©taille les Ă©lĂ©ments constitutifs des identitĂ©s collectives toujours actifs en 2012 une histoire [...], une sĂ©rie de hĂ©ros [...], une langue, des monuments culturels, un folklore, des hauts lieux et un paysage typique, une mentalitĂ© particuliĂšre, des reprĂ©sentations officielles – hymne et drapeau – et des identifications pittoresques [...] » Thiesse, 1999, 14. 11Le dĂ©centrement depuis les institutions qui dĂ©finissent les Ă©chelles territoriales vers les communautĂ©s politiques mobilise immĂ©diatement des entitĂ©s qui attirent des publics, qui font circuler des dĂ©sirs, des imaginations, qui sont tout aussi puissants et dĂ©cisifs pour faire tenir une Ă©chelle territoriale. Cette description nous permet d’effectuer notre troisiĂšme dĂ©centrement, plus monadologique Tarde, 1893, consistant Ă  traquer tout Ă©lĂ©ment, mĂȘme petit, pour sa puissance de circulation. Notre pari mĂ©thodologique est donc le suivant pas de fixation sur les institutions a priori, ni sur les mĂ©dias a priori, mais une attention portĂ©e sur chacune des mĂ©diations Ă©lĂ©mentaires, sur les attributs qui les constituent, qui peuvent circuler et qui en s’agrĂ©geant permettent de dire comment une Ă©chelle territoriale tient sur le web. Les supports de la nation de la presse au web 12L’histoire de la constitution des nations, Ă  la fois comme États et comme communautĂ©s, nous permet de vĂ©rifier les Ă©lĂ©ments qui les font tenir et notamment le rĂŽle des mĂ©dias. Reprenons quelques Ă©lĂ©ments de cette histoire pour voir ensuite comment le web et les mĂ©diations qui y circulent peuvent dĂ©passer ces Ă©chelles territoriales. 13La presse est considĂ©rĂ©e par Anderson comme une des deux formes d’imaginaires », liĂ©es Ă  la naissance de la nation au XVIIIe siĂšcle qui fournirent les moyens techniques de re-prĂ©senter’ le genre de communautĂ© imaginĂ©e qu’est la nation » Anderson, 2002, 37. 14La presse fait exister la nation en produisant un compte-rendu quotidien par la sĂ©lection des traits saillants qui sont supposĂ©s intĂ©resser un lectorat agrĂ©gĂ© ou tout au moins assez indiffĂ©renciĂ©. Le journal, rĂ©sultat d’une sĂ©lection d’issues et d’un framing, se trouve en adĂ©quation avec un territoire et avec son public rĂ©cepteur puisqu’au final, il le constitue. Le territoire du lectorat d’un quotidien devient aussi pertinent que le territoire administratif Ă  l’échelle duquel le lectorat Ă©lit ses reprĂ©sentants. Des Ă©vĂ©nements, des problĂšmes publics et leur mĂ©diatisation auront un rĂŽle dĂ©cisif dans la constitution de la nation comme communautĂ© politique. Cependant, ce mĂ©diateur qu’est la presse s’est aussi transformĂ© en institution et n’a guĂšre continuĂ© Ă  favoriser la circulation d’entitĂ©s Ă©lĂ©mentaires parfois contradictoires qui sont aussi le signe d’une communautĂ© politique vivante. Le public en gĂ©nĂ©ral demeure Ă  l’état de fantĂŽme » Lippman, 2008. Le journal se contente de focaliser l’attention sur quelques issues » sĂ©lectionnĂ©es par les mĂ©diateurs officiels. Par son format, il est contraint Ă  l’agrĂ©gation, Ă  la sĂ©lection. Or le public imaginĂ© par la presse, et qui semblait converger si bien avec l’État-nation, a dĂ©sormais troquĂ© son statut de simple lecteur pour celui, sur le web, de contributeur, qui commente, recommande, agrĂšge. Les conditions de production d’un espace public, qui constituerait la nation, sont donc singuliĂšrement diffĂ©rentes. De quoi se constituerait un espace public sur le web ? 15Lorsqu’il s’agit de dĂ©crire le web comme prolongement d’un espace public physique, il est aisĂ© de s’appuyer sur ces Ă©vidences que sont les institutions et les communautĂ©s sans procĂ©der aux dĂ©centrements que nous venons d’opĂ©rer, de retrouver des Ă©chelles connues, comme le font des travaux qui cherchent Ă  saisir une Ă©chelle territoriale sur le web a. Le premier principe repose sur l’observation de sites web institutionnels, de lieux le site web de la ville d’Angers, d’Hennebont, une radiographie du cyberespace » Rouquette, 2008. Cette mĂ©thode produit un agrĂ©gat ancrĂ© dans un territoire et revient Ă  observer ce que les acteurs institutionnels qui Ă©noncent leur ville, leur Conseil gĂ©nĂ©ral ou rĂ©gional comme institution ou leur territoire, dupliquent du territoire au web. Il s’agit alors d’une mĂ©thode de projection » sur le web, terme essentiel dans la balistique, la gestion des forces armĂ©es et les modĂšles de perception modernes construits Ă  la Renaissance. Toute la communication institutionnelle prĂ©suppose un centre, localisable, qui produit le territoire comme surface de projection en l’organisant et en le dominant. La circulation est absente, seulement un marquage du web, analogue au marquage du territoire par l’institution. L’observateur Ă©limine alors la majeure partie du web qui possĂšde un lien avec ce territoire physique dans d’autres domaines d’ Le second principe repose sur l’observation des acteurs en reprenant le modĂšle des mouvements sociaux de Neveu, 2005 quelles sont leurs revendications ? Comment ces mouvements prolifĂšrent-ils, comment se coordonnent-ils Fouetillou, 2008 ? Le web devient une ressource stratĂ©gique supplĂ©mentaire Ă  disposition d’acteurs, qui ne sont plus dĂ©finis comme porteurs des institutions ni comme centres tout en ayant la prĂ©tention Ă  exploiter le web selon les mĂȘmes principes avec des intentions, des stratĂ©gies, sous-entendant un certain contrĂŽle. Il est possible d’accroĂźtre la diversitĂ© des Ă©metteurs par rapport Ă  l’approche institutionnelle du web vue prĂ©cĂ©demment, mais le point de dĂ©part reste les mouvements sociaux constitutifs de la communautĂ© politique et reconnus comme tels par les spĂ©cialistes. Leur ancrage territorial est moins Ă©vident Ă  dĂ©montrer, mais ils ne font que projeter sur le web leurs propres stratĂ©gies. 16Ces approches rĂ©duisent les potentialitĂ©s offertes aux acteurs avec le web, soit par rĂ©duction Ă  une projection du territoire institutionnel existant soit par rĂ©duction Ă  une projection des stratĂ©gies de communautĂ©s politiques identifiĂ©es. Si nous mobilisons ces cadres mĂ©thodologiques projectifs, de nombreux acteurs de notre corpus ici un web rĂ©gional breton » ne rentrent dans aucune des cases. Que pouvions-nous faire d’un barde ou d’un couple de sonneurs biniou-bombarde et de leur page web Myspace, par exemple ? Ni institution ni mouvement social et pourtant en lien Ă©vident avec la communautĂ© culturelle mettant en circulation leurs publications, autoproduites sur le web. 17Ces approches restent en surface des mĂ©diations avec un territoire en prenant pour rĂ©fĂ©rence de dĂ©part les institutions, les communautĂ©s ce qui doit au contraire ĂȘtre dĂ©montrĂ©, quitte Ă  sortir des limites du champ d’observation supposĂ© Ă©vident. 18L’espace public que nous cherchons Ă  penser ici est proche du concept de Tassin 2007, prolongeant les travaux d’Arendt il est un agir ensemble dans un espace politique, cet espace visible. Nous envisageons l’espace public comme l’ensemble des dispositifs qui permettent de relier institutions et communautĂ©s ce qu’a cet espace public Tarde, 1893, ce qu’il fait et ce qui le fait. Cette version de l’espace public est alors non normative et plus pragmatiste que celle d’Habermas 1962. 19Cette approche a l’avantage de prendre au sĂ©rieux la nĂ©cessitĂ© de la circulation des signes pour faire tenir une communautĂ© politique et pas seulement une institution qui soutient la prĂ©sence de l’échelle territoriale sur le web. Les rĂ©pertoires de signes marquant une communautĂ© et les indices des affiliations circulent sur le web sans dĂ©calquer ceux du territoire de rĂ©fĂ©rence, mais en les traduisant. En descendant au niveau des Ă©lĂ©ments qui constituent un territoire tels qu’ils apparaissent visuellement dans le corpus Ă©tudiĂ©, nous pouvons totaliser 227 signes visuels diffĂ©rents. Nous nous sommes ainsi intĂ©ressĂ©s aux Ă©lĂ©ments matĂ©riels et symboliques » de Thiesse qui circulent et qui persistent sur le web. A partir de ces Ă©lĂ©ments, nous avons cherchĂ© Ă  vĂ©rifier s’ils Ă©taient prĂ©sents ou absents afin de comprendre la prĂ©sence d’une Ă©chelle territoriale incertaine, la rĂ©gion, sur le web, son degrĂ© d’extension ou d’existence. Nous prendrons ici seulement quelques exemples remarquables par leur rĂ©pĂ©tition sur l’ensemble du corpus Ă©tudiĂ©. 1 Breizh Flag Trip Tour ou, difficilement traduisible Tour du monde du drapeau de la Bretagne ». 20Le drapeau breton ou Gwenn-ha-du apparaĂźt sur 66 sites web soit sous forme d’image, soit d’icĂŽne langue » utilisĂ© pour le choix de la langue d’affichage, soit de logotype. Ce signe n’est pas uniquement prĂ©sent Ă  l’écran, il circule sur le web sans que cette circulation soit orchestrĂ©e par une institution. Par exemple, sur la plate-forme de rĂ©seau social Facebook, un groupe le Breizh Flag Trip Tour1 BFTT Les Bretons sont partout !’ » se donne pour objectif de traverser l’ensemble des pays du monde avec ce drapeau. En aoĂ»t 2008, l’initiateur du projet a eu l’idĂ©e de donner un drapeau Ă  ses amis voyageurs afin qu’ils se photographient devant des monuments. Sur une carte du monde prĂ©sente des photographies gĂ©olocalisĂ©es. LancĂ© le 13 septembre 2008, ce groupe compte le 26 avril 2010, 6 647 membres, pour 111 pays prĂ©sentĂ©s, puis 157 pays prĂ©sentĂ©s en 2013. En 2009, le nom est dĂ©posĂ© et une association loi 1901 est créée. 2 Cette proposition Ă©vacue cependant le rĂŽle spĂ©cifique jouĂ© par un mĂ©diateur quasi technique que met ... 21Cette circulation sur le web est particuliĂšre puisqu’elle reprend et rend publique une circulation physique d’un signe dans le monde entier. Le web modifie la place d’un signe somme toute conventionnel pour un État-nation ou une culture. En effet, ce sont les internautes, et non un mĂ©diateur professionnel ou politique, qui font le travail de circulation2. Le drapeau n’est pas photographiĂ© sur des bĂątiments publics par exemple. Le web permet ici de faire apparaĂźtre une communautĂ© reliĂ©e Ă  la Bretagne Ă  travers son drapeau par sa puissance de publication et de propagation au-delĂ  de toutes les Ă©chelles territoriales jusqu’ici prises en compte. 22Pouvons-nous Ă  nouveau rĂ©duire ce phĂ©nomĂšne aux intentions des acteurs sociaux, Ă  des mouvements sociaux intentionnels ? DerriĂšre cette initiative, est-ce le dĂ©fi ou le drapeau qui fait circuler ? En effet, l’objectif de publicitĂ© faite Ă  la Bretagne en allant dans tous les coins du monde » et dans tous les Ă©vĂ©nements avec un drapeau, ne paraĂźt pas relever uniquement d’une attitude de fan de » ou de fiertĂ© vis-Ă -vis de cette rĂ©gion. Cependant, les initiateurs ne revendiquent aucune visĂ©e politique qui pourtant se transporte avec le drapeau. Leur projet est dĂ©fini comme non politique. Dans le mĂȘme temps, le drapeau ne peut pas non plus ĂȘtre rĂ©duit Ă  cette supposĂ©e politique, il vit sa vie, pourrions-nous dire. Nous nous intĂ©ressons moins, ce qui serait admis dans l’analyse d’un espace public sur le web, au web qui rend visible une action des internautes ou Ă  l’action collective de ces internautes qu’au travail de ce signe, Ă  ce qu’il fait en propre et Ă  ce qu’il fait faire. Admettons alors, quoiqu’il en coĂ»te Ă  notre tradition moderne de rĂ©duction des objets au statut d’esclaves Latour, 1994, que le drapeau fait ce travail de connexion et de constitution de communautĂ©, sans doute Ă©phĂ©mĂšre mais pourtant rendue visible et rĂ©putĂ©e comme jamais auparavant, et hors de sa base territoriale. Nous concevons alors le drapeau breton comme un signe transposable Le BĂ©chec, 2010. Non pas au sens rĂ©ducteur de signe le drapeau Ă©tant rĂ©duit Ă  n’ĂȘtre que le tenant-lieu de quelque chose d’autre, plus grand ou plus fort que lui mais au sens sĂ©miotique strict de reprĂ©sentation organisĂ©e. C’est tout l’enjeu de la qualitĂ© graphique d’un tel signe certains demeurent non-transposables ou intransposables, non pas en raison de la faiblesse des attachements politiques qu’ils susciteraient mais parce qu’ils sont mal composĂ©s, mal organisĂ©s en tant que matĂ©rialitĂ©. Il y a fort Ă  parier Ă  l’inverse que certains porteurs du drapeau sont sensibles avant tout Ă  son esthĂ©tique plus qu’à son supposĂ© message politique. La transposabilitĂ© est une qualitĂ© qui se vĂ©rifie aprĂšs coup dans la circulation gĂ©nĂ©rĂ©e et non dans l’intention des acteurs. Elle est essentielle pour faire tenir ensemble des acteurs, des lieux, des discours trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšnes. Ce serait toute la force des liens faibles Granovetter, 1973, non du point de vue de la stratĂ©gie des acteurs humains mais des qualitĂ©s intrinsĂšques de ce signe transposable, capable de circuler et d’agrĂ©ger sur le web. 3 LittĂ©ralement vieux pays de mes pĂšres » est issu de la version de François Jaffrennou, en 1897 re ... 23Il serait alors tentant de dire que prĂ©cisĂ©ment cette qualitĂ© de transposabilitĂ© du signe enlĂšve Ă  ce drapeau toute vertu politique de fondation d’une quelconque communautĂ©. Or, nous souhaitons tenir le raisonnement inverse la capacitĂ© d’agrĂ©gation de ce signe transposable, toujours reliĂ© malgrĂ© tout Ă  un hĂ©ritage bien particulier, attachĂ© Ă  un territoire, dĂ©montre le caractĂšre de composition mĂ©diatique de toutes les communautĂ©s politiques. Sans ces artefacts et leur puissance propre, aucun travail politique communautaire ou institutionnel ne serait possible et nul ne peut dire oĂč rĂ©siderait ce sens politique s’il n’était pas portĂ© par des signes transposables, qui jouent un rĂŽle dans ce travail d’assemblage. L’attachement territorial Le BĂ©chec, 2010 de ces signes doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un faire-agir » Latour, 2002, car les signes trop ancrĂ©s territorialement ne circulent pas. Parmi les 227 signes identifiĂ©s, tous ne sont donc pas transposables. La circulation et la transposition observĂ©es au niveau du drapeau, de l’animal emblĂ©matique l’hermine ou de la langue le breton ne se vĂ©rifient pas dans le cas de l’hymne. Cet hymne » n’est pas prĂ©sent parmi les 60 fichiers-son que nous avons relevĂ©s dans le corpus. Essayons de comprendre cette situation, pourquoi le drapeau et pas l’ hymne » ? L’un des faits de cette incapacitĂ© Ă  circuler se trouve dans le territoire physique mais il explique cette absence de fichier-son sur le web. Lors de la Coupe de France de Football en mai 2009, le Conseil rĂ©gional de Bretagne tente de mettre Ă  l’honneur le Bro gozh ma zadoĂč »3, cet hymne prĂ©cisĂ©ment. AprĂšs quelques nĂ©gociations avec la FĂ©dĂ©ration française de Football », puisqu’il n’existe qu’un hymne national en France, il est acquis que ce chant sera jouĂ© sur la pelouse par deux bagadoĂč ensemble musical breton. Avec ce chant, les Bretons expriment une appartenance collective Ă  la Bretagne, Ă  la France et Ă  l’Europe », Le Drian, prĂ©sident du Conseil rĂ©gional de Bretagne, 04/05/2009. Mais les musiciens sonneurs refusent de le jouer, comme l’explique Antoine Lamballais, responsable du bagad de Cesson-SĂ©vignĂ©, Ă  France Bleu Armorique, le 07/05/2009 [L]’hymne breton est un hymne qui est trĂšs connu de nos anciens moins des nouvelles gĂ©nĂ©rations [...]. Il faut ĂȘtre honnĂȘte l’hymne breton est un hymne qui se chante plus qu’il se sonne ». 24Ce signe non-transposable montre que le territoire autant que l’espace public sur le web ont des attributs et demandent des acteurs qui les font circuler. La volontĂ© politique de faire de ce chant un signe Ă©choue. Ce chant ne fait pas partie des rĂ©pertoires de cet agent de circulation ici un bagad. Ce sont donc les pratiques des acteurs qui doivent ĂȘtre prises en compte pour qualifier ou non un signe de signe transposable. Cette histoire et ces traductions indiquent qu’il existe des conditions de fĂ©licitĂ© pour la transposition des signes. L’attachement territorial est ainsi signifiĂ© et produit par l’exposition rĂ©pĂ©tĂ©e d’un signe sur le web, et prĂ©cisĂ©ment d’un signe transposable Le BĂ©chec, 2010. Un signe transposable est un signe ayant la puissance Ă  la fois de rester attachĂ© Ă  un territoire et de circuler sur le web en devenant ainsi capable de traduire et de reformuler le territoire sur le web. Cette circulation et cette transposition produisent une nouvelle version de ce qu’est une Ă©chelle rĂ©gionale en la rendant visible et portative. 25Le pouvoir politique supposĂ© reprĂ©senter le territoire de la rĂ©gion le Conseil rĂ©gional n’est plus l’unique opĂ©rateur de sa prĂ©sence sur le web. Les attributs qu’il pouvait considĂ©rer comme stratĂ©giquement mobilisables Ă  son service vivent leur vie. La monade drapeau » a ses propres capacitĂ©s de circulation et elle emporte l’institution avec elle, qui perd alors la maĂźtrise d’un rĂ©pertoire de signes associĂ© Ă  un territoire. Le tout reste plus petit que ses parties Latour et al., 2013. L’attention aux mĂ©diations qui constituent toute Ă©chelle suppose de prendre le point de vue de ce qui avait Ă©tĂ© rĂ©duit Ă  des attributs, pour observer leurs ressources d’action en tant que monades. Accompagner la circulation de signes transposables 26Au fil de ces trois dĂ©centrements, nous avons tentĂ© de montrer que ce qui constitue une Ă©chelle territoriale sur le web n’est ni une projection du territoire, ni une prolifĂ©ration de certaines formes sans lien avec le territoire mais une mise en rĂ©seau de liens autour de signes transposables, activables selon les situations. Ces signes crĂ©ent des liens, qui peuvent ĂȘtre faibles mais qui, en associant des Ă©lĂ©ments d’une nation prĂ©sents sur des sites web, encapsulent une reprĂ©sentation cohĂ©rente et durable d’une Ă©chelle territoriale sur le web. La nation, communautĂ© imaginĂ©e », en la suivant sur le web, apparaĂźt constituĂ©e d’élĂ©ments dispersĂ©s mis en rĂ©seau. Elle circule et ne peut pas ĂȘtre contenue dans un seul objet. Les signes transposables sont des formes sĂ©miotiques Ă©lĂ©mentaires du territoire qui circulent aisĂ©ment sur le web. Le discours laisse place Ă  quelques Ă©lĂ©ments aisĂ©ment identifiables et reconnaissables. Loin des lieux de dĂ©bats Ă©clairĂ©s, d’acteurs lĂ©gitimes qui prennent la parole dans une presse adaptĂ©e Ă  l’échelle du territoire concernĂ©, l’espace public sur le web dĂ©centre le discours en attributs ayant la double capacitĂ© de rester attachĂ©s Ă  un territoire de rĂ©fĂ©rence et de circuler sur le web. 27Parler des Ă©chelles en termes mĂ©diologiques Ă  partir d’un support de circulation entre les Ă©chelles qu’est le web, permet de discuter la pertinence et l’adĂ©quation des Ă©chelles institutionnelles. D’un point de vue stratĂ©gique, pour les acteurs politiques, il vaut donc mieux s’appuyer sur ce qui s’attache et ce qui circule Le BĂ©chec, 2012 que de redĂ©couper sous son contrĂŽle un territoire bien identifiable, et dĂ©passer cette idĂ©e simpliste de territoire numĂ©rique » Boullier, 2009. Du point de vue du chercheur aussi, plutĂŽt que de cristalliser son attention sur une entitĂ© en faisant rĂ©fĂ©rence au politique, Ă  une nouvelle Ă©chelle, ne vaut-il pas mieux suivre les dĂ©tournements possibles de signe transposable et crĂ©er des indicateurs de circulation, d’agrĂ©gation ? Étudier la circulation des signes transposables qui demeurent attachĂ©s Ă  l’Europe tout en circulant sur le web serait ainsi un prolongement naturel de ce travail. Dans ces redĂ©finitions d’un espace public, la capacitĂ© de circulation de quelques Ă©lĂ©ments peut crĂ©er un territoire Ă  gĂ©omĂ©trie variable », sans centre, sans frontiĂšres, agrĂ©geant en permanence des Ă©chelles territoriales hĂ©tĂ©rogĂšnes, leur empruntant et les recyclant Ă  travers ce gigantesque maelström qu’est le web.
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